Désolé si ma mémoire défaillante n'a pas su retranscrire tout le conte dans son exactitude, mais l'essentiel y est. Cette histoire m'a toujours touché car je n'ai jamais vraiment su comment l’interpréter. Pareil, si quelqu'un en connait l'auteur je serais ravi de l'apprendre.
Berthe était une jolie petite fille qui vivait dans un village en bordure de forêt. Chaque fois qu'elle en trouvait l'occasion, et malgré l'interdiction de ses parents, Berthe s'enfuyait pour aller vagabonder dans la forêt.
Ce jour là, elle suivait un petit ruisseau et trouva bientôt une petite crique où elle se pencha pour y contempler son reflet. Là, dans le miroir d'eau claire, Berthe se trouva fort jolie avec son visage de 12 ans encadré de magnifiques cheveux blonds et bouclés.
Soudain un deuxième reflet apparu à côté du sien; un loup se tenait derrière la petite fille. Celle-ci se retourna lentement et l'animal la fixa d'un regard doux. "n'aie pas peur." comprit-elle. Mais Berthe n'avait pas peur, elle savait bien que les loups n'attaquent pas les hommes comme cela.
Alors le loup se tourna et invita la petite fille à le suivre. Berthe, intriguée, accompagna le grand canidé jusqu'à une grande souche d'arbre, sous laquelle se tenait une louve qui avait l'air mal en point. Celle-ci semblait souffrir et avait du mal à respirer, la gueule grande ouverte.
Berthe se pencha pour regarder et vit ce qui gênait la louve. Alors elle rassembla tout son courage et plongea sa petite main dans la gueule et en ressorti un petit morceau d'os de poulet qui s'était coincé en travers.
La louve se redressa aussitôt et se mit à jouer avec son compagnon.
Berthe allait se retirer discrètement mais la louve la retint par le bas de sa robe et poussa du nez un objet vers la petite fille. celle-ci se pencha et ramassa un joli médaillon d'or qu'elle accrocha autour de son cou.
"Ceci est pour te remercier de m'avoir sauvée, lui dit la louve, chaque fois que tu te sentira triste ou que les choses iront mal pour toi, mets-le et regarde toi dans une glace. Et surtout garde-le bien secret."
Berthe remercia la louve et s'en retourna trouver ses parents qui étaient morts d'inquiétude, comme à chaque escapade de leur espiègle petite fille. Elle ne leur parla pas de sa rencontre avec les loups et alla dans sa chambre, enveloppa le médaillon d'un morceau de tissu et le cacha derrière sa commode.
Le temps passait, les années se suivaient, de bonnes années; comme lorsque le meunier se maria ou quand l'église reçu enfin sa nouvelle cloche; mais aussi de mauvaises années, o{u la tempête fut tellement violente que toutes les récoltes furent perdues ou encore quand la grange familiale disparu dans les flammes. Berthe vieillissait, mais chaque fois qu'une catastrophe arrivait, qu'elle se sentait triste ou vieille, Berthe allait dans sa chambre, sortait le médaillon d'or de son écrin de tissu, le passait à son cou; et là, face à son miroir, Berthe se sentait aussi belle, aussi heureuse et insouciante que l'année de ses 12 ans.
Puis, comme tout a une fin, Berthe sentait ses dernières forces la quitter. On fit venir le prêtre pour préparer son âme, et Berthe le supplia d'écouter sa dernière confession. Pour la première fois elle parla de sa rencontre avec les loups, du médaillon d'or et de tout le reste.
Apaisée, Berthe quitta ce monde en paix. Le bon père lui administra les derniers sacrements, et intrigué malgré tout, plia son vieux corps et tendis le bras sous la commode, en sorti un petit carré de tissu, le déplia, et y trouva un petit morceau d'os de poulet...